Chargement...

L'énergie engendrée par le mouvement Soul Power commence à s'estomper alors que L'Amérique traverse une nouvelle crise.
En effet, après le Charleston pour faire passer la grande dépression. Le Swing pour supporter la fin de la 2ème guerre mondiale, le disco pour s'occuper pendant le chômage, l'Amérique cherche une nouvelle façon de s'évader.

Lassé par le disco, c'est loin du fameux Studio 54, dans les ghettos ravagés par les différentes crises, qu'émerge dans l'esprit du chanteur George Clinton la création d'un groupe encore culte aujourd'hui " p-funk ". Sa recette, une touche du funk de James Brown, ajouter à cela la guitare endiablée de Jimi Hendrix et une pincée de sonorité dansante du disco. Voilà, la jeunesse américaine avait son nouveau mouvement qui récupérait les codes de l'ancienne école avec une touche de fraîcheur. Cet arrangement va le propulser au hit-parade à la fin des années 70.

Mais ce n'est vraiment qu'en 1973 grâce aux DJ Kool HERC, Grandmaster Flash et Grand Wizard Théodore, que le rap va connaître un grand tournant. En effet, ils vont concevoir une nouvelle façon de produire de la musique, qui est toujours utilisée aujourd'hui.

On dit que durant une soirée Clive Campbell (DJ Kool HERC), un véritable passionné de sounds systems, est invité à une soirée dans une cave du Bronx pour l'anniversaire de sa soeur et a soudainement l'idée de mixer sur deux platines. Cette nouvelle façon de procéder lui permet d'enchaîner les morceaux et ainsi faire durer le beat.

Grandmaster Flash, lui va améliorer ce principe en créant la première table de mixage permettant d'enchaîner les disques. Enfin, en 1978, Grand Wizard Théodore va découvrir le scratch. Ecoutant de la musique dans sa chambre, sa mère est entrée pour lui demander de baisser le volume, mais sa main à ripper sur le vinyle, ça y est le scratch etait né.

C'est grâce à l'émergence de ces nouvelles techniques qu'en 1979 "Rapper's Delight" de Sugarhill Gang devient le premier tube rap, ce qui va booster l'émergence de ce nouveau style musical qu'est le rap.

L'émergence du rap donne naissance à l'un des rassemblements les plus mythiques de la Street culture, les Bloc Party. Ces rassemblements donnent lieu à de grands battles, pour déterminer qui sera le meilleur grapheurs, danseurs, DJ et bien évidement le meilleur rappeur. Ces précurseurs voient dans ces rassemblements un moyen de parler d'eux et de faire part de leurs rêves au travers de leurs textes. Le reste... les béotiens, ne voient dans ce mouvement qu'un phénomène éphémère.

En 1982, le tube " The Message " de Grandmaster Flash & The Furious Five est le premier morceau à parler du quotidien et de la pauvreté de leur époque. Avec la création de la Zulu Nation la culture rap arrive enfin en France. Nous sommes alors au milieu des années 80 et les premières émissions de rap radiodiffusées commencent à arriver, comme l'émission Hip-Hop sur TF1 présentée par Sidney. Mais également sur Radio Nova où le DJ Dee Nasty contribue à l'émergence en France de la culture Hip-Hop sous toutes ses formes d'expression. On y découvrira ainsi les premiers freestyles de Suprême NTM, Assassin ou encore MC Solaar.

Durant la même période aux Etats-Unis, Public Enemy offre aux auditeurs une nouvelle vision du rap délaissant les morceaux festifs pour produire des textes plus engagés et plus politiques, dénonçant les inégalités sociales et raciales.

Mais pour le public, en tout cas pour les non-initiés, le rap est toujours mal perçu. Perception renforcée avec la campagne de propagande anti-rap, " Moral Majorité ", orchestré par la militante Dolores Tucker et le sénateur républicain Bob Dole. Cette initiative sera à l'origine de la création du sticker créé par Tipper Gore : " Parental Advisory/Explicit Lyrics " (" Avertissement aux Parents/Paroles Explicites "), qui ironiquement aujourd'hui est gage de qualité.

L'année de consécration pour le rap français et la Street culture. L'esprit revendicatif des textes prend de l'importance et donne naissance à la première compilation de rap français " Rappattitude ". Elle permet de faire découvrir au grand public la première génération de rappeurs français NTM, Assassin, MC Solaar, Ministère A.M.E.R... Ainsi que le rap positif, léger et funky avec MC Solaar, IAM, Alliance Ethnik, Ménélik, Réciprok, Doc Gyneco...

Les rappeurs français commencent à produire les premiers albums et Mc Solaar réussit à intégrer le rap dans le paysage musical français par son style doux et poétique avec le tube "bouge de là".

Mais le rap hardcore n'est pas mort, loin de là, NTM, Assassin ou le Ministère AMER témoignent de leur réalité du quotidien dans les banlieues françaises avec des textes très crus. On ne peut oublier l'affaire NTM qui choque l'opinion publique. Qui vont, par la suite, être censuré en masse comme en témoigne leur morceau " on est encore là, partie 1 ". Mais c'est ce côté du rap français qui est apprécié des puristes.

Les artistes de l'ancienne école reviennent avec un nouveau style, IAM et NTM créant ainsi l'identité du rap français. Finis le temps où on se contentait de copier les Américains. D'ailleurs, le journal américain Newsweek disait dans un reportage : " le seul art qui compte en France, c'est l'art de la rue " D'après lui la langue française s'adapte très bien au rap, mieux qu'au rock. Effectivement, le rap français se caractérise par son dynamisme, sa créativité et sa grande diversité lexicale.

La radio Skyrock devient alors LA radio du rap en France et va énormément participer à l'émergence des nouveaux talents. En créant l'émission Planète rap composé d'un iterview mais aussi d'une session freestyle ou les artistes ont carte blanche. Mais ils vont aussi créer une série de concert Urban Peace ou sont conviés les grands nom du rap, pour le rassemblement de rappeurs le plus important d'europe.

Très vite, le rap français se divise en deux camps. Mais, ce ne sont pas les rappeurs qui seront à l'origine de cette décision, ce sont les maisons de disques qui, ne pensant qu'au profit, vont produire des albums commerciaux en série.Il y aura, d'un côté le rap commercial qui passe sur toutes les ondes, pour tous, générant des profits et de l'autre, le rap underground qui lui sera boycotté.

Commence alors une sorte de crise mondiale du rap. En France, le rap est dirigé par les maisons de disques qui exploitent les rappeurs. Les Américains, eux, s'enlisent dans une guerre des crews. Ente 1995 et 1996 aux USA le rap change complètement de facette avec des rappeurs comme Notorious BIG, 2Pac, KRS One, LL Cool JJ, NWA... Le gangsta rap fait alors vraiment son apparition, les textes parlent de flingues, de drogues et de guerres des gangs entre West cost et East cost.

C'est alors que les labels indépendants naissent, qui s'unissent contre cette médiatisation et ces maisons de disques qui tuent le rap authentique.

Le rap qui maintenant est présent dans le paysage musical mondial, commence à faire des réticences chez les non-aficionados. Malheureusement, on assiste, à une censure, les concerts sont interdits et le publique à une mauvaise opinion des rappeurs.

Entre 1997 - 98, en France, le mouvement a bien évolué, les textes sont plus revendicatifs, construits et parlent de la vie quotidienne. On assiste à une véritable expansion de rap dans le monde entier.

En 1999, la nouvelle école et surtout le crew la Mafia k-1 fry, réussissent un véritable tour de force être adulés par les adeptes du rap, mais également par le grand public, en remportant 2 Victoires de la musique.

Outre Atlantique, la guerre entre les deux côtes se termine par le décès de deux grands piliers du rap 2Pac et Biggy. Mais cette nouvelle page laisse un espoir grandissant pour le nouveau millénaire. Arrive alors un changement drastique des méthodes, fini les enregistrements dans des caves ou chez des rappeurs, aujourd'hui on enregistre en studio avec des productions musicales et des textes de très bonnes qualités.

Les anciens comme Dr Dre, RZA, Akhenaton, ... ont remplacé les maisons de disques classiques. Le rap est fait par des rappeurs, produit par des rappeurs et toute son industrie est gérée par des rappeurs. Le rap devient alors le style musical le plus indépendant et libre.

Le rap se popularise dans le reste du monde et d'autres pays décident de se lancer dans cette industrie, comme c'est le cas en Allemagne (Die Fantastischen Vier), en Angleterre (London Posse, Gunshot), en Italie (Sanguê Misto, Articolo 31), en Afrique du Sud (Prophets Of Da City) ou au Sénégal.

C'est aussi par le son que le rap évolue à cette époque, les instrus deviennent plus hétéroclites, on cherche à mixer les genres, pour sortir du lot, avec des sonorités rock, électroniques, voire parfois orchestrales. Les premiers featuring avec des artistes issus d'autre scène musicale font alors leur arrivée.

En France, les textes deviennent plus incisifs, composés de punch line et portent moins de messages. La violence est plus présente tandis que le rap français entre dans sa période gansta-rap, comme les Américains il y a 10 ans. Des artistes comme La Fouine, Booba, Rohff et d'autre se lance alors dans des clashs parfois virulents. Alors qu'aux Etats unis une phase plutôt " star system " arrive avec des rappeurs qui génèrent des millions de ventes et une image de rappeurs " bling bling " apparaît dans de nombreux clips de cette époque.

À la fin des années 2000, aux USA comme en France le rap devient de plus ne plus engagé, avec des artistes comme Lord Esperanza, Kerry James, Médine, Yousoupha pour l'hexagone, mais aussi Drake, Childish Gambino ou encore Kendrick Lamar aux USA.

Cependant, une scène qui était dans l'ombre depuis plusieurs années, fait son grand retour et quel retour. Ils ont envahi la scène du rap francophone. Il s'agit évidemment de la scène belge avec Roméo Elvis, JeanJass, Caballero, Lord Krisy, Damso. La France aussi voit arrivée une nouvelle génération comme Nekfeu, 1995, Vald,... Un nouveau mouvement, encore méconnu, voit le jour dans le monde, le rap Iencli. Un rap pour tous les milieux sociaux, les bobos peuvent enfin s'identifier à leur texte.

Pour finir, je citerais KRS-One en 1990 : " Le rap est la dernière forme d'expression du peuple noir. Le peuple noir a créé toutes les musiques que vous entendez dans la rue, elles ont toutes des racines africaines. La musique rap est un engin révolutionnaire pour changer les fondements racistes de la société américaine. "